« Nos formations de plongée sont principalement destinées aux jeunes. Elles permettent de réduire le chômage tout en trouvant des alternatives pour protéger la biodiversité marine du Parc National et d’atténuer la surpêche d’espèces comme le Mérou notamment » explique Rabih LYAZGHI, président de l’Association Mérou de Plongée, Environnement et Sports Aquatiques (AMPESA).
Écotourisme
Au Maroc, dans les conditions environnementales actuelles, l’écotourisme semble constituer une des formes possibles d’exploitation rationnelle et rentable à terme des écosystèmes naturels encore préservés. Par exemple, les activités liées au Mérou génèrent des emplois directs et des centaines de millions d’euros de chiffre d’affaire, d’où l’importance de préserver et promouvoir cette espèce endémique du Parc National d’Al Hoceïma.
« L’écotourisme est une activité en développement dans la région d’Al Hoceïma au Maroc et est une nouvelle source de revenus, notamment pour les habitants du Parc National. Cela permet d’améliorer leurs conditions de vie » déclare Rabih.
« Nous impliquons les populations locales pour qu’elles profitent des avantages de l’écotourisme et pour les sensibiliser à la valeur écologique du Parc et de sa zone marine.
Parmi les questions délicates que posent nos activités portées sur le tourisme, figure celle en lien avec l’impact qu’il aura sur l’environnement et sur la vie de la population locale, en particulier sur le monde rural » ajoute-t-il.
Formation
AMPESA lie la formation à la conservation de la nature en organisant diverses activités, comme par exemple une formation de plongée sous-marine débouchant sur une remise de diplômes.
Cette formation se réalise dans le cadre de la valorisation du patrimoine sous-marin et la valorisation de l’écotourisme dans la région. Elle est nécessaire et obligatoire pour toute personne désirant réaliser des activités subaquatiques dans la province d’Al Hoceima et permet à la population locale d’accéder plus facilement à des emplois durables en tant que guide touristique ou moniteur de plongée.
Les activités de l’association devraient permettre de réduire la destruction des fonds marins, la pollution marine due au jet de déchets et aux huiles des moteurs.
« Cette formation de plongée est principalement destinée aux jeunes. Elle permet de réduire le taux de chômage tout en trouvant des alternatives pour protéger la biodiversité marine du Parc National et d’atténuer la surpêche d’espèces comme le Mérou notamment. » explique Rabih.
Afin de ne pas dépendre uniquement de la pêche et afin de diversifier leurs revenus lors des périodes de repos biologique, les pêcheurs locaux vivent également du pescatourisme. Pour se conformer aux exigences réglementaires,ils doivent tout d’abord obtenir un certificat de guide de plongée (chef de palanquée).
À ce jour, l’association a pu délivrer 54 diplômes internationaux dont deux guides de plongée sous-marine pour amateurs.
Le Mérou, une valeur ajoutée mais menacée du PNAH
Bien que la loi l’interdise, la pêche illégale avec l’utilisation de substances toxiques ou explosives existe encore dans les eaux du Parc national (comme la pêche avec dynamite, qui consiste à bombarder une zone de mer afin de tuer plusieurs poissons et de les récolter à la surface par la suite), mais les contrôles s’intensifient pour éliminer ces pratiques nuisibles aux êtres vivants et à l’environnement en général.
« Bien que nous ayons remarqué le repeuplement progressif du Mérou, les braconniers se sont organisés pour les traquer car ils possèdent une forte valeur financière et gastronomique. Sur les étals des marchés, on trouve les jeunes Mérous exposés à la vente pour 200 dirhams le kilo (l’équivalent de 20 euros).
Lors de nos activités de plongée sous-marine, on observe l’existence de ces jeunes Mérous dans leur milieu naturel, mais les Mérous de taille moyenne sont très rarement présents à cause du stress subit par les braconniers, ce qui les rend très discrets et méfiants. »
Le Parc National d’Al Hoceïma est situé au nord-ouest du Maroc et s’étend sur une superficie de 48 460 hectares donc 19 000 hectares en zone marine. C’est l’aire protégée la plus importante de la côte méditerranée du Maroc.
Avec ses 40 kilomètres de côtes, il est situé sur le massif calcaire des Bokkoyas et offre des massifs qui plongent dans la mer sous forme de falaises très hautes, constituant un paysage naturel grandiose.
Il abrite également une végétation naturelle et des espèces caractéristiques telles que le Balbuzard, le Mérou, trois espèces de dauphins – le grand, le bleu et le blanc – mais également le globicéphale ou la Couanne, une espèce de tortue marine. Cette dernière est fréquemment observée sur les côtes du Parc et est uniquement de passage vers l’Est de la méditerranée.
Un rapport de l’UICN sur l’Atlas du Parc National d’Al Hoceïma atteste que « la faune de poissons est riche, avec plus de 100 espèces. »
C’est au milieu de ce paysage hétérogène que l’association AMPESA a décidé de mettre en place son projet qui promeut à la fois l’écotourisme et la formation en plongée. L’association espère pouvoir prolonger la période des activités touristique du mois de mars au mois d’octobre, au lieu de la courte période estivale juillet-août.
« Nous avons développé un panel d’activités sur des thématiques telles que la nature, le patrimoine et la découverte du littoral et de la mer, intitulé : Le rif oasis de la méditerranée, du balbuzard des bokkoyas au Mérou de la méditerranée, partez à la découverte du PNAH » termine Rabih.