La région d’Harkoussia doit aujourd’hui son nom à une triste histoire qui planait au-dessus du village d’Henchir Liblida pendant des siècles. Le mot Harkoussia vient de la contraction du mot arabe « Hark » qui signifie tristesse et du mot « Asa » qui signifie chagrin.
« الحرقوسيةخلاتعلىخاطرجناحهنشيربليدة. »/ « La Harkoussia est devenue déserte à cause de l’aile de la Henchir Blida » raconte un proverbe emblématique de la région.
« Dans le village d’Henchir Liblida à l’époque du régime beylical, vivaient des familles qui dépendaient à part entière de l’agriculture, tant pour la culture des plantations et l’élevage du bétail que pour leur alimentation journalière. » racontent les locaux de la région d’Harkoussia. À cette époque, les habitants du village payaient une taxe imposée par le royaume, sorte d’impôt, appelée Jezya au Bey. Le représentant du Bey, nommé Sbayhi, était en charge de la récolte de cette taxe et à chacun de ses passages, il demandait aux agriculteurs de lui cuisiner un poulet. Alors les femmes du village s’organisaient entre elles pour cuisiner à tour de rôle. » poursuivent-ils.
« Mais un jour, une femme qui avait un fils unique cuisina le poulet et le mit de côté en attendant la venue du Sbayhi, et lorsqu’il arriva il ne trouva rien. Sa colère fut telle qu’il convoqua tous les habitants du village pour savoir où était passée sa nourriture… Et ce fut le fils unique qui avoua ! Il demanda gentiment pardon en expliquant qu’il croyait qu’il s’agissait du plat de la famille mais, le Sbayhi, en colère, n’accepta pas ses excuses et décida de punir l’enfant en lui coupant les bras.
Suite à cet événement, les villageois décidèrent de quitter leur village, qui devint un village fantôme. » terminent les paysans.
C’est durant différentes investigations de terrain et des entretiens avec les populations locales dans le cadre d’une enquête socio-culturelle et historique que les membres de l’Association de la Promotion et de Protection de l’Environnement (A2PE) ont découvert cette triste histoire.
Un souffle d’espoir pour la région d’Harkoussia
Mais la région d’Harkoussia n’est plus ce qu’elle était il y a bien des années. Située près de Monastir, la région d’Harkoussia est le point le plus haut du Sahel Tunisien. Dressée en haut d’une colline qui offre un paysage naturel d’une beauté exceptionnelle combinant mer et oliviers, son mélange de couleurs illustre une nature particulièrement sauvage.
L’Association de la Promotion et de Protection de l’Environnement (A2PE) travaille sur le terrain pour valoriser le patrimoine naturel, historique et culturel de la région afin d’instaurer une exploitation durable de ses ressources, notamment les forêts d’oliviers. Ces activités de conservation visent surtout à sensibiliser les jeunes de la région à travers des activités diverses :
- La réalisation de conférences sur les moyens d’efficacité des processus de collecte, de production et de stockage d’huile d’olive afin d’assurer la pérennité et l’exploitation durable des ressources naturelles
- Le nettoyage des environs des oliviers afin d’assurer le développement de l’espèce dans de bonnes conditions
- La valorisation de l’espèce végétale d’oliviers, dont le fruit est utilisé dans de nombreux domaines : cosmétique, médicale, alimentaire…
Parmi les menaces qui planent sur la forêt d’oliviers et sur la biodiversité se trouvent l’urbanisation croissante des villes environnantes et la pollution.
Dans le cadre de son projet ECOOLIVA, l’association envisage de mettre en place des itinéraires d’écotourisme et également d’exposer une compilation d’outils agricoles et de stockage traditionnels avec d’anciennes photos au Musée Zitouna. Les membres d’A2PE travaillent jour après jour à la récupération de cet espace et à la production d’une activité écologique durable afin de protéger l’activité économique de nombreux habitants de la région.
