L’association Perle du Zaccar, composée de cadres locaux, de forestiers et d’enseignants investis dans la sensibilisation et l’éducation à l’environnement, s’est fixé comme objectif de préserver les espèces du jardin de Miliana afin de protéger la biodiversité de la ville. Le classement du site en jardin botanique aidera à la protection des espèces, car son faible maintien entraîne la disparition progressive de certaines espèces nobles et rares et donc la décadence de la biodiversité.
Le jardin de Miliana, un temple de la diversité végétale
Le Jardin de Miliana est le seul jardin d’envergure dans la wilaya qui préserve la biodiversité urbaine, qui est une préoccupation centrale de l’urbanisme durable et constitue un espace de visite aux familles des villes environnantes.
Ce jardin historique, créé à la fin du 19ème siècle, dans le même esprit que celui du jardin d’essai d’El Hamma d’Alger, a permis aux paysagistes et aux botanistes d’acclimater dans d’autres conditions que celles du jardin du Hamma des espèces végétales rares et nobles originaires d’autres continents, notamment d’Amérique, d’Asie et d’Europe (le classement du site en jardin botanique permettrait d’apporter les soins adéquates à ces espèces).
Le potentiel que possède le jardin de la Miliana démontre qu’il faut réinvestir dans sa réhabilitation. Il pourrait redevenir une référence pour la flore exotique et autochtone de la région et un centre d’enseignement et d’apprentissage des conduites écologiques pour Miliana et toute la wilaya de Ain Defla.
Mais la dégradation avancée de la flore et de ses structures constitue une menace réelle sur le jardin. Le jardin abrite une majorité d’espèces exotiques qui font sa particularité telles que l’If (Taxus baccata), dont le statut présente une Préoccupation Mineure d’après la Liste Rouge de l’UICN, mais dont l’habitat est de plus en plus menacé. Le Ginkgo Biloba (Ginkgo biloba) et Sequoia (Sempervirens) sont considérés comme étant « En Danger » selon cette même liste rouge.
Se trouvent également des espèces telles que le tilleul (Tilia platiphyllos scop), le Pin Pignon (Pinus pinea), le marronnier d’inde (Aesculus hippocastanum), l’arbre de Judée (Cercis siliquastrum), le cèdre du Japon (Cryptomeria japonica) etc.
Protéger et multiplier les espèces
Dans sa quête de réhabiliter et de sauvegarder le jardin de Miliana, l’association est accompagnée par le jardin d’Essai du Hamma d’Alger dans un partenariat stratégique pour faire bénéficier Miliana de l’expérience du Jardin botanique d’Alger.
Ce dernier est un lieu de référence étant donné qu’il a été créé en 1832 et est considéré comme l’un des jardins d’essai et d’acclimatation les plus importants au monde. La collaboration avec l’ONG est donc une initiative intéressante et stratégique qui permettra au jardin de Miliana de suivre les pas de son aîné.
« Un inventaire floristique et un diagnostic phytosanitaire du jardin de Miliana a été réalisé par l’équipe technique du Hamma, afin de définir les orientations à appliquer pour l’entretien des espèces » explique Mme Fatma Ammar, présidente de l’association.
Une pépinière avec serre va être mise en place afin de « participer à l’effort de réhabilitation et préservation du jardin par la multiplication des espèces qu’il contient, en particulier les plus emblématiques » poursuit-elle. La multiplication des espèces au niveau de la pépinière permettra de remplacer les espèces du jardin en voie de vieillissement (plus que centenaires).
L’association est également en charge de la réparation du système d’irrigation qui n’est désormais plus fonctionnel, à travers la restauration des plans d’eau du jardin – bassin d‘irrigation – qui sert à l’irrigation des espèces végétales. La réparation du jardin aquatique permettra aussi de favoriser la biodiversité, de permettre aux oiseaux de s’abreuver – et à certains poissons de vivre – et d’éviter la prolifération de moustiques.
Un plaidoyer pour la sauvegarde du jardin de Miliana
La sauvegarde du jardin et des espèces qu’il contient, notamment le Séquoia (qui est le seul spécimen en Algérie) permettra de développer l’activité socio-économique locale tout en redorant le blason environnemental de la ville.
Le classement du jardin de Miliana comme jardin botanique aura de retombées socio-économiques : il encouragera le développement de l’écotourisme dans la région, ce qui représentera un avantage considérable pour les habitants de la ville de Miliana car il créera de l’emploi dans les domaines de l’hôtellerie, la fleuristerie, le tourisme et la restauration.
Afin de former la population locale à la conservation des ressources du jardin, l’association mène une vraie campagne de sensibilisation à la préservation de l’environnement et de la nature.
« Des activités destinées aux écoliers et étudiants sont mises en place au niveau des établissements de la commune et les citoyens sont très actifs dans les activités de plantation. »
Les membres de l’association utilisent notamment les canaux de communication comme la radio afin de donner plus de visibilité à leur projet. L’association a participé en 2018, 2019 et 2020 aux émissions spécialisées en protection de l’environnement sur la radio locale d’Aîn-Defla relevant de la radio nationale ainsi que sur la radio Internationale d’Alger.